mardi 24 février 2015


ITINÉRAIRE D’UN VOYEUR


C’est comme si elle ne me voyait pas, d’ailleurs comment le pourrait-elle ?
Les surprendre dans leur intimité est mon vice favori.
Par la porte entrebâillée, je l’observe, elle et ses formes rondes, élancée, belle, hiératique, sombre malgré un rayon de soleil venu du jardin, tout animé encore du frémissement des fleurs et des feuilles entre lesquelles il s’est glissé, et qui, sans la toucher ou l’effleurant à peine, donne du relief à ses flancs et des reflets cuivrés à sa robe.
C’est le meilleur du désir ces instants volés tout chargés des mystères qui ne nous sont pas destinés, que pourtant nous faisons aussitôt nôtres, ces moments où le plaisir s’attise sans que l’objet qui va le satisfaire n’en ait conscience, sans qu’il imagine la violence de la passion qu’il est en train de concentrer.
Flottant sous mon nez dont les ailes frémissent, tous les parfums m’environnent déjà, le sentiment d’un corps et d’une chair m’envahit, alors je reconstitue les gestes que je vais faire, la prendre par l’épaule, la pencher doucement, flatter ses rondeurs de ma main, toucher son cul, y glisser mes doigts, m’abreuver à ses humidités, tout est là, je suis en feu.
Elle m’attend, fraîche et dégoulinante.
Allez, j’entre.
Oh, tu sais, je me suis déjà tapé tes cousines, elles ne m’en veulent pas, bien au contraire, elles ont cédé sous mes assauts, aucune goutte n’a été perdue du plaisir qu’elles ont pris et de celui qu’elles m’ont donné, j’ai encore à l’oreille le son cristallin de leur libération, je les ai laissées pantelantes, vidées.
Léoville Poyferré et Léoville Barton, à l’ombre de st. Julien, ont gémi sous l’ardeur de ma langue, tu verras le bonheur que nous allons vivre.
À nous deux, ma garce !
Elle n’a pas jeté un regard vers moi, elle était condamnée à l’amour, mon verre de cristal à la main, mon tire bouchon dressé, je me suis approché de ma bouteille de Léoville Las Cases 1990, elle était prête, je la gardais dans ma cave depuis tant d’années.
Son temps de jeune fille était fini.
Elle allait y passer comme les autres
Je suis un insatiable amant.

jeudi 12 février 2015

LES HÉMORROÏDES DE LA MAJA NUE

On vient de se rendre compte, grâce à des techniques scientifiques très sophistiquées que la Joconde relevait de couches.
C’était évident, enfin !
Comme il est évident que :
La Vénus de Milo souffrait d’aérophagie.
Le penseur de Rodin avait des cors aux pieds.
La Maja nue ne parvenait pas à se débarrasser de ses hémorroïdes.
Le crieur de Munch se plaignait de ses dents.
Les joueurs de cartes de Cézanne puaient des pieds.
L’origine du monde avait une légère alopécie.
Le Christ jaune de Gauguin était atteint de cirrhose.
Les demoiselles d’Avignon avaient la syphilis.
Le docteur Gachet avait mauvaise haleine.
L’odalisque avait du poil aux jambes.
Marianne ne sait pas faire de fellation.
Les danseuses de Degas ne portaient pas de culotte.
Sardanapale avait un tout petit zizi.
(Et moi non)
Les nymphéas de Monet étaient infestés de pucerons
Les women de de Kooning aussi.
La montagne sainte Victoire n’a jamais existé.
Et dans la Cène de Vinci on se demande si le vin n’était pas un peu piqué.

Les artistes ne peignent que des contingences