Je reçois tous les jours dans ma
messagerie des suggestions pour améliorer mes performances sexuelles
(que l’on doit juger moyennes) ainsi que des méthodes d’accroissement de
mon potentiel organique (je mesure avec effroi l’écart qui me sépare
d’un équipement de bon aloi).
Le matin, j’efface ces promesses de
jouissances virtuelles, j’en pleure, ai-je le droit de passer à côté de
tout ça ? mais j’efface quand même.
Il y a plus malheureux que moi.
Ainsi le message de cette jeune
fille : Haut dirigeant d’un pays africain, son père est abattu en plein
conseil des ministres par un opposant, sa mère, désespérée, est obligée
de quitter son logement ; recueillie par un vague parent elle se
retrouve taxi girl dans un bar mal famé d’un port de commerce, on la
découvre un beau matin sur un quai, nue, ligotée, au milieu d’un
chargement de coton, tuée par une balle tombée d’un cargo. Reinita,
quant à elle, c’est le nom de la jeune fille qui m’envoie ce SOS, a été
violentée par son oncle, par son professeur de mathématiques et par les
policiers auprès desquels elle se plaignait, elle est donc atteinte du
sida, elle a perdu la vue et a étranglé de ses mains son enfant
handicapé qu’elle a jeté dans une poubelle, elle envisage de se
suicider, plus rien ne la retient à la vie.
Ah, oui, une seule chose, elle dispose
de 350 millions de dollars en Suisse que son père avait mis de côté
mais la poisse la poursuit, elle ne peut pas y toucher sans une
formalité que l’Européen que je suis peut parfaitement remplir.
C’est décidé, je ne me défilerai pas devant tant de malheur. Je dois moi aussi accomplir ma part d’humanitaire. Je vais l’aider.
Elle habite Lagos, au Nigeria, mon Dieu pauvre fille.
Ah, l’Afrique, quel continent !
Le décor: Basquiat
Georges Mimiague (Hyperréaliste)
Rebeyrolle
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