samedi 22 novembre 2014

DIX PETITS CONTES






 
N°V - SCIENCE AFFLICTION


Ils déplièrent une échelle métallique.
Hop ! ils sautèrent de la dernière marche, ce ne fut pas un grand pas pour eux, ils sentirent un sol gelé sous les pieds, et un vent, venu d’on ne sait où, qui avait dû passer à l’intérieur d’un congélateur, leur brûla le visage.
Pas très hospitalier ce lieu ! fit l’un.
Je n’y passerai pas mes vacances, fit l’autre, on ne voit pas le soleil.
Ils regardèrent vers l’horizon, il n’y avait pas d’horizon non plus, ou plutôt l’horizon était à leurs pieds, comme un qui est au fond de son garage et dont la porte serait l’horizon…, vous suivez, fit mon interlocuteur.
Je ne comprends rien à vos histoires, mais continuez, continuez.
En se retournant, ils aperçurent deux types qui ouvrant la bouche, leur dirent : « Que venez-vous faire ici ?». Mais ceci ils ne l’entendirent qu’au bout d’un temps qui leur parut immensément long, ils répondirent et cela arriva aux oreilles des autres avant la nuit, bien qu’il n’existât pas de nuit sur ce sol, ni de jour, mais une sorte de clarté telle qu’on la trouve dans une penderie lorsque surpris, on se cache d’un mari jaloux, vous suivez toujours, j’avoue que non, mais ce n’est pas grave, continuez…, ils répondirent donc, « On vient vous rendre visite », le son circulait avec une lenteur inouïe, car il n’y avait pas d’air pour véhiculer les particules sonores, c’est bien simple, il n’y avait rien.
Le lendemain ou deux jours après, on ne distinguait pas le jour de la nuit, ni le lendemain de la veille ou vice-versa, ils entendirent : « Nous sommes seuls ici, tous les deux et nous tenons à le rester, barrez-vous, on ne veut pas vous voir ».
Les deux cosmonautes, remontèrent dans leur capsule et ne revinrent jamais.
C’est fin, dit mon interlocuteur, ces deux individus craignaient pour leur identité, ils ne voulaient pas accueillir le moindre étranger, et pour leur faire comprendre qu’ils auraient tout à y gagner, à la vitesse où le son se propage sur cette satanée planète, il aurait fallu aux astronautes au moins un siècle terrestre.
On ne donna même pas de nom à cette planète, on laissa les deux extra-terrestres se geler les testicules sur leur glaçon et rester identiques à eux-mêmes.

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